Lancée fin 2016, 961’ est une formation spécialisée dans l’enseignement du design.  Elle permet de s’initier aux métiers de la créativité. Que ce soit pour renforcer ses compétences, se former transversalement ou simplement découvrir une nouvelle discipline, chacun est le bienvenu.

A l’origine de l’initiative, deux frères, Yannick et Christophe Pian. L’un est designer indépendant, l’autre s’est occupé de gestion de projets au sein d’une start-up pendant plusieurs années. Nous avons interviewé Christophe pour en savoir plus…

Bonjour Christophe, pourrais-tu te présenter et nous dire quel a été ton parcours avant de créer https://nine61.com/courses/?

Je suis diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne. Passionné d’informatique et de multimédias depuis très jeune j’ai rejoint après mes études une start-up genevoise active dans le secteur de la vidéo à la demande où j’ai travaillé pendant 3 ans et demi. J’y ai gravi les échelons afin de m’occuper de la gestion des opérations et du business développement. Lors de cette expérience je me suis rendu compte du fossé séparant les profils techniques, type ingénieurs IT et gestionnaires de projets issus de formations commerciales.

J’ai été frappé par cette manière de travailler en silos dans un climat de méfiance improductif au mieux, dangereux au pire.

Lorsque cette société a fait faillite, en partie à cause des problèmes évoqués, j’en ai parlé avec mon frère, étant lui-même un profil plutôt technique puisque designer web/graphique. Il m’a dit qu’il rencontrait les mêmes difficultés de communication avec certains clients. Nous sommes arrivés à la conclusion que cette barrière de la communication n’était pas une fatalité et avons décidé de nous réunir autour d’un projet de formation pour challenger le status quo.

Quels services proposes-tu ?
Nous vendons des workshops de design. Le design étant un mot générique qui englobe beaucoup de notions, nous avons décidé pour notre part de nous concentrer sur le design d’identités visuelles (logos, branding,…) et web. Lorsque l’on crée un site web ou une application cela fait également appel à des notions de UI (user interface) et UX (user experience) design. Même restreint à ces notions le domaine reste vaste. Nous avons donc découpé la matière en workshops d’une journée chacun, couvrant un thème précis de la discipline.

  • Pour le moment deux workshops sont disponibles : « design fundamentals », couvrant les bases du graphisme, indispensables à quiconque souhaite communiquer visuellement, et « design thinking », qui est une méthodologie, dérivée du design, de découverte et résolution de problèmes, qui favorise l’innovation désirable pour le client final. Le design est un processus holistique qui a toujours été et devient de plus en plus stratégique pour les entreprises. Il convient donc de former à des techniques mais aussi à une manière de réfléchir pour obtenir des profils plus complets en entreprise, mieux à même de relever les défis qui s’imposeront à eux.
  • D’autres workshops, couvrant des sujets complémentaires tels que les outils informatiques (la suite Adobe par exemple) et des méthodes de prototypage sortiront dans les mois à venir. A terme nous aimerions consolider tous ces workshops en une formation complète afin de former des designers multidisciplinaires, sachant évoluer au niveau opérationnel et également stratégique d’une entreprise.

Quel est ton segment de clientèle?
Les gestionnaires de projets au sein de PME’s. Celles-ci n’échappent pas aux transformations digitales à entreprendre pour rester compétitives, notamment par l’avènement du mobile, du e-commerce etc.

Or il est difficile de piloter efficacement un projet de design sans aucunes connaissances techniques et il n’est pas toujours efficient de mandater des sous-traitants pour réaliser des tâches de design.

  • En sensibilisant les gestionnaires de projets/commerciaux aux pratiques du design nous leur transférons une partie de la connaissance afin d’être plus polyvalents et d’être mieux à même de déléguer et de comprendre les enjeux lorsque faire appel à des externes devient nécessaire.
  • La deuxième cible est le designer lui-même, les formations en Suisse ont souvent une approche « artistique » au graphisme et ne forment pas assez aux nouvelles technologies ni aux enjeux stratégiques des entreprises.
  • Beaucoup de designers que nous avons rencontré se sont dit frustrés de leurs interactions avec des chefs de projets ainsi que de certaines limitations à l’égard de connaissances techniques lorsqu’il s’agit de travailler sur des projets digitaux. Ils apprennent ainsi sur le tas mais ça ne facilite pas leurs recherches d’emploi ni leur intégration en entreprise.
  • Il y a un manque à gagner énorme pour ceux qui ne mettent pas leurs connaissances à jour, le papier disparaissant lentement mais sûrement. Aujourd’hui la frontière entre les activités d’un chef de projet, analyste business, et designer devient de plus en plus ténue.

De plus les entreprises cherchent de plus en plus de profils dits en T, alliant verticalité de compétences et transversalité des connaissances. A terme nous formerons sans doute des designers/chefs de projets, d’où l’appellation « créatif multidisciplinaire ».

Quelle place a pris le design dans les entreprises selon toi ?
Il est devenu prioritaire en très peu de temps. C’est un différenciateur stratégique clair. Aujourd’hui la différence entre poursuivre ou abandonner la navigation sur un site web ou une app tient essentiellement à la clarté de présentation de contenu (UI) et à la facilité que l’on a à interagir avec celui-ci (UX).

L’utilisateur qui ne trouve pas ce qu’il cherche ne donne pas de seconde chance et n’a pas à en donner.

Une sensation de familiarité induisant la compréhension des interactions possibles et de leur résultat au premier contact est la clé d’un produit digital qui convainc. C’est tout l’enjeu du design. De nombreuses entreprises l’ont compris et prennent des mesure pour tendre vers cela, notamment IBM qui en a engagé plus de 1000 designers récemment, de nombreuses autres multinationales ont débauché des designers des firmes les plus connues aux USA.

Par ailleurs le ratio de designer pour ingénieur embauché aux seins d’équipes se rapproche dernièrement plus de 1 :4 au lieu de 1 :30 il y a quelques années. C’est une tendance qui va s’imposer dans les prochaines années.

Combien de temps as-tu mis avant de te lancer ? Comment as-tu financé ton projet ?
Cela fait une année que nous travaillons dessus, j’ai bénéficié entre autres d’une mesure du chômage pour démarrer mon projet, à savoir une période de 4 mois dédiée au démarrage. Par ailleurs nous grandissons de manière organique, en vendant des workshops. Nous avons financé toutes nos dépenses à ce jour par fonds propres et avons adopté une approche extrêmement « lean » afin de ne pas « brûler » du cash inutilement. Beaucoup d’entrepreneurs se lancent en pensant qu’il est indispensable d’être très tangibles afin d’être crédibles, ce qui les amène à investir énormément dans la construction d’un produit ou service dont ils ne sont pas sûrs qu’il trouvera un marché, s’affublent de bureaux, investissent dans de la publicité, etc. Notre vision est que cela n’accélère pas les ventes et demande de lever des fonds très rapidement.

Notre approche et la nature de nos services nous donnent l’avantage d’un développement à moindre coût. Par ailleurs comme nous possédons toutes les compétences métiers essentielles au lancement, entre mon frère et moi nous n’avons pas eu besoin de faire appel à de l’aide extérieure pour le lancement.

Qu’est-ce que tu préfères dans l’entrepreneuriat ?
La polyvalence que ça demande : la curiosité de toucher à tout et l’apprentissage rapide qu’on en retire en procédant par hypothèses : on émet une idée, on teste, on avance si elle est validée ou on réitère si elle est réprouvée. C’est une manière très enrichissante d’apprendre rapidement. Cela demande également de croire en soi avant que les autres ne nous y encouragent, ce qui est un apprentissage de tous les jours.

Quel est ton prochain axe de développement ?
Continuer à développer de nouveaux workshops pour étendre notre offre, faire grandir notre communauté d’apprenants car nous croyons beaucoup dans l’effet de réseau.

Le mot de la fin?
Je préférerais le mot du début : -) En 2011, Marc Andreessen a dit« software is eating the world ». C’est effectivement le cas, maintenant ce software a besoin d’être convaincant. En 2017, l’heure est au design. Prenez le train en marche avec nous : www.961.courses

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©La Parenthèse Digitale 2015

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